l’asymétrie cérébrale.
L’asymétrie cérébrale s’exprime en science cognitive comme une répartition inégale des fonctions selon les hémisphères cérébraux. Cette différence n’est plus remise en doute, mais dans l’attribution des rôles dévolus à chaque hémisphère, la plus grande prudence s’impose.
Éclairage.
La cartographie cérébrale est à l’origine superficielle, notamment avec les lobes cérébraux, mais on différencie également trois couches de l’intérieur vers l’extérieur, reptilien (le plus ancien, proche de celui des reptiles), limbique et néocortex (littéralement nouveau cortex). Si le cerveau reptilien n’a pas de latéralisation, le cerveau limbique, et surtout le néocortex ont des actions distinctes et complémentaires en fonction des événements. On admet le plus souvent l’évolution « concentrique » et on suppose que le passage de la symétrie physique à la dissymétrie fonctionnelle est due à la complexité croissante des informations à traiter.
Historique
La notion d’aphasie a été introduite par Paul Broca au XIXe siècle dans ses travaux de localisation des fonctions cérébrales. Il découvre en particulier « le centre de la parole » (future aire de Broca). Dans ses études des aphasies, on note par exemple Nou un éclat d’obus dans l’hémisphère droit qui l’empêche d’identifier un objet connu, alors qu’il peut identifier chacune des parties qui le constituent.
À partir des mêmes bases, en particulier de localisation de trouble de la parole plus spécifique (aire de Wernicke), Carl Wernicke établira des hypothèses plus poussées, avec une théorisation démarquant plus les fonctions psychiques du physique, mais toujours pas spécifiquement liées à l’asymétrie.
Après des avancées plutôt floues, il faut donc attendre Sperry dans les années 1980 pour les grandes découvertes sur le sujet grâce à des recherches qui lui ont valu un prix Nobel.
Les nombreuses interprétations voire récupération et prise aparté resteront pourtant dans les esprits et continueront à discréditer le sujet.
Répartition spatiale.
Chaque hémisphère est relié à la partie opposée du corps. C’est à dire que si quelque chose touche la partie gauche de votre corps l’information ira au cerveau droit, et si vous attrapez cette chose avec votre main droite, l’ordre vient du cerveau gauche. La répartition « psychique » ne peut pas être aussi formelle, d’autant qu’il s’agit de fonction dominante et qu’il existe toujours une « coopération » entre les deux côtés.
Cerveau gauche:
- On le dit analytique, logique, mathématique, séquentiel.
- Il fonctionne de préférence à partir du détail, il s’en sert pour aller vers la complexité.
- C’est le siège préférentiel du langage, mais pas exclusivement.
L’étude des aphasies (troubles du langage liés à une lésion cérébrale localisée) a permis de montrer qu’à une lésion localisée ne coïncident pas toujours les mêmes pathologies. Ainsi, environ un quart des gauchers ont une configuration hémisphérique opposée pour le langage. Remarquons de plus que la latéralisation n’est pas encore établie chez l’enfant, le cerveau est encore malléable jusque vers l’âge de 9 à 11 ans, certains disent jusqu’à l’adolescence (ce qui serait en accord avec le processus de myélinisation. D’autres exceptions peuvent encore être citées : les analphabètes (en effet, l’apprentissage de l’écriture renforcerait la dominance à gauche pour le langage), les bilingues et les polyglottes (l’hémisphère cérébral droit du droitier peut jouer un rôle dans l’acquisition d’une langue seconde, tout particulièrement lorsque l’apprentissage a lieu à l’âge adulte). Enfin, on observe une variabilité symptomatologique en fonction des structures propres à la langue des locuteurs (toutes les langues ne sont pas traitées de la même façon).
Cerveau droit
- On le dit analogique, empirique, intuitif.
- Il fonctionne plutôt sur la globalité, l’expérience et l’erreur, la déduction.
- C’est le siège préférentiel du traitement de l’image et de la communication non verbale
L’intérêt du découpage cérébral.
La localisation spatiale ne peut être exacte, et elle peut varier largement d’un individu à l’autre, mais il en ressort un découpage de fonctions qui permet une répartition non plus spatiale mais psychique avec la mise en opposition de deux formes d’intelligence contradictoires et complémentaires.
Cette opposition logique se retrouve en psychologie cognitive. On peut notamment montrer le tableau établi par Daniel Durand dans le que sais-je? sur la systémique. Pour arriver à cette synthèse, il se base sur les travaux de Jean Piaget et d’Herbert Simon. Il superpose à la séparation intuitif/raisonné (ici dénommés flous et rigoureux) la séparation ajout/suppression (ici nommé généralisant et discriminant):
L’intelligence analytique
Elle est exacte par nature et s’exprime pleinement dans le détail, dans l’abstraction, dans l’indexation. C’est la base des science, qui permet d’affirmer que 1 + 1 = 2. En théorie, elle ne peut être prise en défaut, et permet d’atteindre tous les niveaux de complexité par addition. La tentation est forte de l’assimiler aux mathématiques, mais c’est aussi la base du langage. Son plus gros défaut est qu’elle ne supporte pas les lacunes.
L’intelligence empirique
Elle est intuitive et s’exprime mieux dans le recoupement, l’expérience et donc la globalité. Elle intervient plus dans l’adresse physique, dans les mathématiques complexes, ou quand le langage devient poétique. Elle permet de résoudre un problème sans en avoir toutes les bases, mais s’accommode mal de l’abstraction, car tout apport doit s’intégrer à l’ensemble. On l’assimilerait à l’intelligence artistique, ou l’intelligence de l’image.
Controverses
Ont été rattachés à l’asymétrie cérébrale (à tort ou à raison):
- L’épilepsie Peut être un surplus de communication entre les hémisphères cérébraux. La méthode de guérison chirurgicale consiste à sectionner une zone de liaison entre les hémisphères.
- La migraine qui affecte un hémisphère indépendamment de l’autre et parfois la moitié associée du corps en provoquant une hémiplégie partielle ou totale.
- L’autisme Selon certains, rupture totale ou partielle des connexions entre les hémisphères. (Mais c’est une autre forme de « découpage » qui prend le pas : problème de liaison entre la perception – les stimuli – et le reste de l’activité cérébrale).
- La dyslexie Problème de connexion entre les hémisphères ou lacune latéralisée. Thèse acceptée dans le cas de dyslexie traumatique résultant d’un accident cérébral, mais pas pour « la dyslexie » en général.
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